Un film de René Laloux de 1982 avec les dessins de Moebius et les dialogues écrit par Manchette.
Sur la planète Perdide, un véhicule tout-terrain aux allures d'insecte, l'Aragne, tente d'échapper à un essaim de frelons. Aux commandes, Claude, un homme au visage tendu. Sentant sa fin proche, il confie à son jeune fils Piel un micro portatif lui permettant d'appeler au secours Jaffar, son ami de toujours.
La carrière de René Laloux est riche de trois long-métrages, tous des films d’animation. Cela peut paraître peu, et pourtant ces trois films, complétés par plusieurs courts métrages, ont contribué à donner ses lettres de noblesses aux dessins animés, en France, mais aussi à l’international. Même dans une filmographie aussi courte, on trouve un film qui cache tous les autres. En effet, Laloux, avec la collaboration de l’illustrateur Roland Topor, a réalisé un film sublime en 1973, La planète sauvage. Celui-ci avait eu les honneurs de la grande compétition cannoise, y avait décroché un prix spécial, et eut rapidement une renommé gigantesque, faisant entrer tout un pan du cinéma dans « l’âge adulte ».
en 1981, sort Les maîtres du temps, film d’une heure et dix-huit minutes, toujours dans un univers de science-fiction, habité de la même poésie que son prédécesseur. Tout comme celui-ci, il est une adaptation libre d’un roman de Stefan Wul, L’orphelin de Perdide. Wul fut une des grandes plumes de l’âge d’or de la littérature de l’imaginaire française, avec des romans phares comme Niourk ou Oms en série que Laloux adaptera sous le titre de la Planète sauvage. Pour l’identité graphique du film, on retrouve un des mythes de la bande-dessinée française, Jean Giraud, alias Möbius, son avatar dès qu’il est question de science-fiction. Aux dialogues, c’est Jean-Patrick Manchette qui officie, lui aussi un nom très connu dans le milieu de ces années 1980.
Au delà des modes, des évolutions techniques et de son aspect ancré dans le genre, il faut voir Les maîtres du temps. Sa poésie et son humanisme flamboyant, magnifié par des décors inoubliables, sont créateurs de cinéphilie, au sens propre, c’est à dire d’amour du cinéma. Secourons Piel tant qu’il est encore temps, et rappelons que René Laloux fut un géant trop méconnu du cinéma mondial.